Voilà bien
longtemps que je n'avais pas écrit. Au début, c'est facile, on ne
connait personne, on est trop fatiguée pour sortir et tout est
nouveau et fascinant. Mais très vite, les choses changent, on
rencontre des gens, on se fait des amis, on s'étonne moins de tout
ce qui nous entoure et de ce fait, on est moins prompt à passer du
temps devant l'ordinateur pour écrire un blog.
Mais me revoilà, avec une histoire à vous raconter, celle des inondations.
Alors que sur un coup de tête un vendredi soir, nous décidons de partir à Phnom Penh pour passer le week-end, la mousson s'accélère à Kratie.
Alors que sur un coup de tête un vendredi soir, nous décidons de partir à Phnom Penh pour passer le week-end, la mousson s'accélère à Kratie.
A notre
retour, le dimanche soir, les principales rues du centre ville sont
inondées. L'eau monte jusqu'à 15-20cm, rien de méchant mais quand
même, ça fait bizarre.
Dans notre
rue, tout le début et toute la fin sont sous l'eau.
Notre rue, côté gauche |
Vue de notre balcon |
Notre rue, côté droit |
A certains
endroits, l'eau monte beaucoup plus haut. Le lendemain, après une
nuit entière de pluies, le niveau de l'eau s'est encore élevé.
Jusqu'à venir devant notre maison. Le mercredi, il y a plus d'un
mètre d'eau dans notre rue, bien plus à certains endroits. Nous
travaillons de la maison jeudi et vendredi, la moto ne pouvant plus
circuler sans que l'on noie le moteur. L'eau vient maintenant lécher
notre portail et nos voisins d'en face ont évacué leur maison.
Dans l'eau
flotte indifféremment, sacs plastiques, branches, tongues, rats,
feuilles, tissus et ordures. Des enfants, eux, nagent au milieu de
tout ça.
L'eau est
sombre, sale et un peu inquiétante quand il faut la traverser. J'ai
apporté des bottes de pluie, mais comme l'eau nous arrive à
mi-cuisses, elles ne servent finalement qu'à ne pas toucher
directement les « objets » non identifiés sous l'eau. Et
c'est déjà très utile.
Le Mékong,
lui, semble déborder et ne plus pouvoir contenir les pluies
torrentielles.
Les gens se
déplacent maintenant en bateau dans la rue.
Et si la vidéo ne marche pas, voilà le lien youtube!
http://www.youtube.com/watch?v=Gd-K42ZKeFE&feature=youtu.b
Mais le plus
impressionnant finalement, ce n'est pas l'eau qui monte à une
vitesse affolante, ni les pluies incessantes, mais les khmers
eux-mêmes. Les cambodgiens sont d'une sérénité, d'un pragmatisme
et d'un calme déconcertants face aux événements. Tout sourire,
comme à leur habitude.
« La
moto ne passe plus, on vient de noyer le moteur ? Ce n'est pas
grave, on l'abandonne là et on prend la barque.
On a jusqu'à
50 cm d'eau au rez-de-chaussée ? Ce n'est pas grave, on met les
meubles sur des briques, puis on monte au premier étage.
Les enfants
ne peuvent pas aller à l'école ? Ce n'est pas grave, ils
peuvent toujours jouer et nager dans l'eau croupie.
Et puis avec
toute l'eau qu'il y a, on peut laver la voiture, le vélo, la moto
qui ne marche plus, sa vaisselle, et même ses cheveux et ses
aisselles (véridique!). De quoi se plaint-on ? Impeccable !
De l'eau gratos ! »
Bref, une
belle leçon de relativisme et de lucidité ; à quoi cela
sert-il de s'exciter et de s'affoler ? On ne peut pas arrêter
la pluie … Et puis cela pourrait être pire, on pourrait être sous
le régime de Pol Pot. Certes.
C'est là
que je réalise que, oui, parfois, je manque de perspectives, je ne
vois que l'eau qui monte.
Le lundi
suivant, les rues sont sèches et le niveau du Mékong est redescendu
de 5 mètres comme par magie. Des inondations, il ne restera
finalement qu'un petit trait fait au crayon sur les maisons pour
indiquer leur hauteur cette année, et des ordures à déblayer,
partout.
Très intéressant ton article Julie ! On est à Kratie là, et on peine à imaginer la ville sous l'eau ! Incroyable ce calme impassible dont font preuve les habitants, ce sont de belles leçons pour nous, occidentaux excités et stressés ! Bises. Anne et Benjamin
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